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Biographie



    C’est en mai 1895 que naquît près de Madras, le huitième enfant d’une famille de brahmanes que ses parents, en hommage au dieu Krishna, prénommèrent Krishnamurti. 
La nature douce et spirituelle de sa mère contribua à développer très tôt le caractère méditatif de l’enfant et, comme il le précisera plus tard, alors que ses petits camarades d’école rêvaient d’avoir un jour une boutique et d’être marchand, « son cœur se serrait à cette idée, car il voulait entrer dans le domaine spirituel ». Ainsi, bien que sa mère mourût alors qu’il n’était âgé que de six ans, elle avait eu le temps de lui enseigner une quête spirituelle qu’il n’oubliera jamais. 
Voici donc un enfant qui, très jeune, aspire à « autre chose » que la vie matérielle, une nature assez exceptionnelle et naturellement portée vers la recherche intérieure. L’enfant possédait vraisemblablement cette base dès la naissance, elle fut développée par la mère et, dès l’âge de six ans, elle était très ferme. 
Vers 1904, alors que Krishnamurti et son plus jeune frère Nityananda jouaient, l’un des chefs de la Société Théosophique de Adyar les remarqua et les présentèrent à Madame Annie Besant, présidente de la Société. Madame Besant, frappée par les qualités des deux enfants devint leur tutrice et dirigea leur éducation. C’est ainsi que vers 1910, ils furent envoyés à Londres où ils poursuivirent leurs études. 
A la même époque, les chefs de la Société Théosophique fondèrent « L’Ordre de l’Etoile d’Orient », dont le but était de regrouper les spiritualistes du monde entier attendant la venue d’un grand instructeur. Krishnamurti, alors âgés de 15 ans, est déclaré chef de l’Ordre. L’organe de liaison est un journal, « le journal de l’Etoile », qui va désormais transmettre des conseils aux milliers de membres, dispersés dans les différents pays du monde. C’est à la même époque que Krishnamurti écrit son premier livre, dont l’élaboration n’est pas strictement personnelle, puisque c’est à la suite de l’enseignement oral délivré par son maître qu’il écrira le petit recueil « Aux Pieds du Maître. Madame Besant
précise dans une courte préface que ces pages constituent la « première offrande au monde » de Krishnamurti. C’est dans ce petit livre que nous pouvons lire cette phrase qui, à elle seule, résume son, enseignement futur : 
« La superstition est l’un des plus grands fléaux du monde, l’une des entraves dont il faut absolument se libérer. » 
Rappelons qu’elle est écrite par un jeune garçon de quatorze ans. Annonçant l’éducateur futur. Il écrit aussi : 
« Celui qui a oublié son enfance et perdu toute sympathie pour les enfants ne pourra les instruire et les aider ». 
C’est également à la même époque, donc très jeune, que Krishnamurti commence à parler en public, et ses conférences deviennent très vite de plus en plus nombreuses. L’organe de liaison de « L’Ordre de l’Etoile » relatera la plupart d’entre elles. 
En 1911, âgé de 16 ans, Krishnamurti écrit un second petit livre, « Le Service dans l’Education » dont l’élaboration est cette fois personnelle. Il se trouve à Londres, les approches de la grande guerre créent une atmosphère de plus en plus tendue et Krishnamurti, conscient au plus haut point de la responsabilité individuelle de tout être, écrit dans ce recueil : 
« Un crime ne cesse pas d’être un crime parce qu’il est commis par beaucoup de gens ». 
Les paroles de Krishnamurti ne furent pas celles qu’attendaient ses tuteurs. 
Mais, alors que les chefs de la Société Théosophique voyaient en lui le futur Instructeur, capable de regrouper les différents courants spirituels du monde et leurs adhérents dans un grand courant commun, Krishnamurti se révèle bientôt comme un « révolté ». Il précisera plus tard les raisons de cette révolte permanente dans le recueil « La vie libérée » : 
« Je me suis révolté contre tout, contre les autorités des autres, contre l’enseignement des autres, contre la connaissance des autres, ne voulant rien accepter pour vrai jusqu’à ce que j’eusse trouvé moi-même la vérité. Je ne m’opposais jamais aux idées des autres, mais ne voulais pas accepter leur autorité et leur théorie de la vie… Petit garçon, j’étais déjà dans un état de révolte. Rien ne me satisfaisait. J’écoutais, j’observais, je cherchais quelque chose au-delà de la maya des mots. » 
Tel sera, en bref, l’état d’esprit constant de Krishnamurti tout au long de ses années de jeunesse : il ne « s’oppose » pas aux idées des autres, ni à l’éducation reçue, mais il « n’accepte » rien et, intérieurement, il remet tout en question. Parallèlement aux enseignements reçus et aux différentes lectures, le progrès intérieur consistera en un affranchissement de plus en plus fort, nous pouvons dire que plus l’acquisition extérieure se fera vaste, et plus elle l’incitera à l’affranchissement intérieur. Krishnamurti, voyant en effet avec lucidité les méfaits de al croyance aveugle s’en libère et découvre par lui-même. Très observateur, il perçoit les erreurs de ceux qui l’entourent et les souffrances qui en découlent. Son éducation fut variée et étendue mais, ne se bornant pas à apprendre, il pourra déclarer plus tard ne rien savoir des livres religieux et philosophiques. 
En 1919, Krishnamurti vient à Paris où, inscrit à la Sorbonne, il assiste aux cours de français et de sanscrit. Qu’il soit à Londres ou à Paris, il se mêle aux autres, étudie, observe, n’accepte aucune idée toute faite, surtout celle touchant à la vie spirituelle. « J’allais au théâtre, dit-il, je voyais comment les gens s’amusaient, essayant d’oublier qu’ils n’étaient pas heureux…j’assistais à des réunions socialistes, communiste et j’écoutais parler les chefs. 






Ces réunions m’intéressaient mais ne me satisfaisaient point. » Mûri par cette observation minutieuse, Krishnamurti retourne alors aux Indes, son pays natal. De tout temps, ce pays a attiré l’homme en quête spirituelle. Dominant l’Inde de la misère, celui-ci ne voit de loin, que l’Inde des sages, le pays des Maîtres, qui possèdent les secrets de la vie et qui, après une lente et minutieuse initiation vous font atteindre les béatitudes célestes. Krishnamurti, pourtant Indien d’origine et recherchant lui aussi le bonheur ne se laisse pas séduire par les apparences : 
« Les Indes ont beau posséder les livres les plus sacrés du monde, les philosophies les plus grandes, de merveilleux temples anciens, rien de tout cela ne put me donner ce que je cherchais. » 
Krishnamurti va alors passer du pays des traditions au pays neuf : des Indes à l’Amérique. Il se rend alors en Californie avec son frère. Celui-ci est malade et recherchant la tranquillité propice à la guérison, les deux jeunes gens vont séjourner à Ojaï où ils ont fait l’acquisition d’une petite maison. Ce séjour, qui date de 1922, est très important dans l’évolution spirituelle de Krishnamurti. En effet, loin de la foule, loin des réunions, loin des conférences, Krishnamurti et Nityananda méditent beaucoup. 
« Le sens et la réalité de la vie nous ont été révélés dans cette vallée », écrit-il dans le journal américain de l’Ordre d’octobre.1926. Un événement important se produisit également en ces lieux : jusqu’à cette époque, Krishnamurti s’était donné pour but la découverte de la Vérité, or, c’est à Ojaï en 1922, qu’il prend conscience qu’il ne doit pas connaître ce but mais être ce but. A la « recherche » de la vérité va succéder le « devenir » la Vérité. 
« Quand on recherche la Vérité, on en porte le reflet sur le visage. Quand on devient la vérité on ne la reflète plus on la rayonne », écrira-t-il en 1930 dans l’introduction à l’admirable recueil « Le Sentier ». En 1924, le baron Van Pallandt donne à Krishnamurti le grand domaine de Eerde avec son château, situé à Ommen, dans le Nord-Est de la Hollande. C’est ici que chaque année, en été, Krishnamurti parlera à plusieurs milliers de personnes et, dès 1926, il y demeurera trois mois par an. 
 
Mort de Natyananda et renaissance de Krishnamurti. 
Le 13 Décembre 1925, alors que Krishnamurti se rend à nouveau au Indes, il apprend la mort de son frère, resté en Californie. Il est à la fois désemparé et encore plus révolté. Désemparés car leurs liens affectifs et spirituels étaient si fort que toute découverte était commune. D’autre part, insistant avec force sur l’erreur des organisations spirituelles « marchandes de vérités », et sur le fait que la connaissance de la vie et la découverte de la Vérité ne pouvaient être que personnelles et directes, Krishnamurti se sentait de plus en plus étranger à cette Société Théosophique au sein de la quelle il vivait qui ne voyait le monde qu’aux travers des croyances et de complications initiatiques. D’une nature timide et réservée, Krishnamurti n’avait pour réel compagnon que Nityananda, et celui-ci jouait souvent le rôle d’intermédiaire entre son frère et les théosophes. Quelques années plus tard, Krishnamurti écrira dans un poème : 
« Mon frère est mort, nous étions comme deux étoiles dans un ciel nu », transmettant en quelques mots à la fois leur communion intime et leur profonde solitude. Le 13 décembre 1925, il se retrouva donc très seul, dans un monde beaucoup plus prompt à le vénérer qu’à tenter de comprendre ce qu’il disait. Parallèlement à sa douleur, Krishnamurti fut encore plus révolté spirituellement. Sa nature réservée l’avait poussé à croire les théosophes qui lui avaient affirmé qu’il pouvait partir pour les Indes car son frère ne mourrait pas, puisqu’il devait seconder Krishnamurti dans sa mission future. Or, tandis que le bateau qui le transportait traversait la mer Rouge, il apprit que Nityananda venait de mourir. Dès lors, parallèlement à sa souffrance intérieure, ce fut le rejet de toutes les influences que la Société Théosophique avait exercées sur lui. Le reflet matériel de cette libération intérieure sera bientôt la dissolution de l’Ordre de l’Etoile, à la tête duquel les théosophes l’avaient placé. N’ayant plus son frère pour le comprendre et pour l’aider, il sentit la nécessité de tout comprendre par lui-même. Dans son immense douleur, il cherchait à retrouver son frère dans la nature entière et « dans le visage de chaque passant ». C’est alors qu’il comprit que tant que l’individu Krishnamurti aurait une entité propre et serait différent des autres, la séparation entre son frère et lui demeurerait. 
« Quand mon frère mourut, on me dit qu’il était parfaitement heureux sur le plan astral, que tout pour lui était beau et couleur de rose. Pensez-vous que ma douleur fut apaisée ? Je compris que tant qu’il existait une séparation entre les individus, tan que Krishnamurti serait plus important pour moi, comme individu, que les autres, la douleur subsisterait et mon frère ma manquerait. Lorsque je fus capable de m’identifier avec tous et de sentir, non pas seulement d’une manière intellectuelle, mais aussi à travers mon cœur, qu’il n’existe pas de séparation réelle, je trouvais mon bonheur. » 
Cette découverte fut capitale, et c’est ainsi que la mort de Nityananda constitua un tournant décisif dans la libération intérieure de Krishnamurti. A parti de cette découverte, la mort de son frère ne fut plus pour lui un arrêt, ne fut plus subie, mais devint un enrichissement, un prétexte à la découverte intérieure et une véritable révélation de sa nature irréelle. Cette nature irréelle, c’était Krishnamurti en tant qu’individu séparé des autres et, lorsqu’elle disparut dans la révélation de son irréalité, Krishnamurti « mourut ». 











. Etant mort à lui-même, il devint tous les autres, car il n’en était plus séparé par cette nature irréelle. Il n’eut plus à chercher son frère dans la nature et le « visage de chaque passant » car il était alors son frère, comme il était tous les autres. C’est la raison pour laquelle il précisera un jour, 
« je suis toutes choses car je suis la Vie ». 
La « Vie », il la nomme aussi « le Maître » et encore « le Bien-Aimé ». Dans le dix-septième poème du recueil « L’Immortel Ami », il écrit : 
« Oui j’ai cherché mon Bien-Aimé 
Et je l’ai découvert établi dans mon cœur. 
Mon Bien-Aimé regarde par mes yeux, 
Car maintenant mon Bien-Aimé et moi nous sommes un. 
Je ris avec Lui, 
Avec Lui je joue. 
Cette ombre n’est point la mienne, 
C’est l’ombre du cœur de mon Bien-Aimé, 
Car maintenant mon Bien-Aimé et moi nous sommes un. » 
Krishnamurti indiquera ce qu’il entend par le « Bien-Aimé ». 
« Pour moi, le Bien-Aimé est chacun de vous, le brin d’herbe, le pauvre et le riche, le chien malheureux et les montagnes grandioses, les arbres magnifiques…3 
En janvier 1927, la libération intérieure de vint totale. Ila un peu plus de trente ans et déclare : 
« J’ai été fait simple. » 
 
La dissolution de l’Ordre de l’Etoile et le refus d’avoir des disciples. 
A la lumière de sa propre existence, Krishnamurti secoue alors la torpeur de ceux qui les fait adhérer à des croyances et suivre des guides. Il sait que l’erreur consiste à accepter au lieu de comprendre, il sait « qu’il est beaucoup plus facile de suivre aveuglément que de comprendre et de devenir ainsi vraiment libre ». Alors couronnant tout cela, il déclare à ses adorateurs : « Je ne veux pas de spectateurs, je ne veux pas de disciples, je ne veux ni louanges ni admiration d’aucune sorte… je veux être le compagnon non le maître. » 
Et, lorsque le 3 août 1929, à Ommen, il dissout « l’Ordre de l’Etoile », créé autour de lui en 1911 à Bénarès, c’est pour éviter la formation d’une secte supplémentaire, et donner à chacun l’entière responsabilité de sa vie. « L’Ordre de l’Etoile » risquait en effet de dévitaliser l’enseignement de Krishnamurti. Trop de gens n’adorait que sa propre personne et risquaient de créer en eux un esclavage supplémentaire. Les journaux l’appelaient déjà le « Messie des Théosophes », et c’est après avoir constaté lucidement ces faits qu’il déclara : 
« La vérité est un pays sans chemin … étant illimité, inconditionnée, inapprochable par quelque sentier que ce soit, elle ne peut être organisée », 
et il dissout l’organisation créée autour de lui, puis restitua les biens qui lui avaient été donnés. 
Si, en dissolvant « L’Ordre de l’Etoile », il refusa d’avoir des disciples parmi les Théosophes en particulier, c’est parce que d’une manière générale, il refusait tout disciple. Il est bien évident que l’influence que put avoir la Société Théosophique sur Krishnamurti ne fut pas négligeable, mais, comme nous venons de le voir, ni son pays d’origine, ni sa religion d’origine, ni la Société Théosophique, ni l’éducation reçue, ni ses lecture, ni ses voyages ne purent lui imposer une forme de pensée particulière. Et c’est en dépassant les systèmes et les structures particulières qu’il atteignit la liberté. 
La formation spirituelle de Krishnamurti est donc terminée. Depuis son enseignement n’a subi aucun revirement, aucune cassure. Les années qui se sont écoulées, avec leurs événements et leurs changements n’ont pu faire varier la réalité dont il parle car, dit-il, cette réalité est en dehors du temps et des circonstances. 
Libéré de toute organisation, de tout disciple, Krishnamurti va alors tenter d’éveiller chez les hommes indépendants le désir de parvenir à l’unité qu’il connut en 1927 : 
« Et depuis, j’ai vécu dans ce jardin aux mille roses, aux mille parfums… Avec cette force en moi, il faut que je donne, je ne puis rien retenir ». 
« Je désire que ceux qui cherchent à me comprendre soient libres. Et non pas qu’ils me suivent, no pas qu’ils fassent de moi une cage, qui deviendrait une religion, une secte… Je veux délivrer l’homme, et qu’il se réjouisse comme un oiseau dans le ciel clair, sans fardeau, indépendant, extatique au milieu de cette liberté.» 
Krishnamurti parle 
Période 1929-1933 
C’est en 1930 que Krishnamurti commença à parler régulièrement dans différentes parties du monde. Au début, les réunions eurent lieu en trois points : à Ojaï (Californie), à Ommen (Hollande) et Bénarès. Les conférences de cette période furent éditées par le « Bulletin de l’Etoile ». 
Pendant cette période, il parle du « moi » : il détaille le processus suivant lequel l’homme se fabrique un « moi », comment celui-ci arrive à prendre conscience et créer en nous un état de conflit pratiquement permanent. 
Il doit insister longuement sur la nécessité de se séparer de toutes les organisations, « marchandes de vérités », afin de commencer à assumer la responsabilité de l’existence, condition de base pour que l’homme devienne libre.  








Constamment, il ramène les auditeurs à l’essentiel, qui n’est pas la croyance aveugle, mais la connaissance intime et profonde de ce qu’ils pensent, de ce qu’ils font, de ce qu’ils sont. Krishnamurti n’essaie jamais de leur arracher leurs croyances, car il sait qu’ils les remplaceraient par d’autres, mais il s’efforce, grâce à la prise de conscience, de les hisser spirituellement plus haut, là où, naturellement, les croyances aveugles fondent d’elles-mêmes, comme fond la neige lorsque le soleil chaud perce les nuages. Certains auditeurs ont l’esprit occupé et accaparé par se grandes théories initiatiques et, souvent, Krishnamurti leur rappelle d’une manière émouvantes que ces divagations leur masquent la beauté du réel simple et quotidienne : 
« Vous aspirez tous au moment où vous serez dans la sixième race, mais en attendant, ne laisser pas passer la splendeur du jour… Vous regardez la vie par le mauvais côté du télescope… il ne vous suffit pas de voir un beau coucher de soleil, il vous faut en plus, un ange assis sur le sommet ». 
Période 1934-1938 
En 1934, après le camp des Indes, Krishnamurti parla à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Ces conférences furent éditées et constituèrent le premier volume complet. Il fut traduit en français. 
Au cours des années 1935-1936, il parle en Amérique du Sud, devant des foules considérables, si bien que les organisateurs durent louer des stades pour contenir tous les auditeurs. 
A la suite de ses conférences annuelles à Ommen de 1936, 1937 et 1939, un nouveau volume parut et fut traduit également en français. 
En 1938, Krishnamurti est en Amérique où, pendant la durée de la guerre, les autorités lui interdisent de parler en public. [Il fut constamment surveillé par la C.I.A. durant cette période. Nouvelle preuve du ridicule de la police.] 
Comme pendant la période précédente, de 1934 à 1938, il mit à jour les conflits intérieurs de l’homme. Qu’il les ignore ou en souffre, celui-ci est intérieurement en perpétuel déséquilibre et, pensant échapper à la douleur, par besoin de sécurité, il se donne à des partis politiques ou religieux, auxquels il s’identifie. Les différences naissent, les antagonismes en découlent et les guerres suivent. 
Période 1944-1961  
En 1944, Krishnamurti reprit ses conférences en Californie, à Ojaï, puis aux Indes, à Londres et Paris où, de mars à mai 1950, il parla à l’Institut Pasteur et dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Puis, chaque année, il va effectuer une ronde autour du monde. 
De nombreux ouvrages furent édités, concernant les conférences de cette période. L’un des premiers parus en traduction française fut « Krishnamurti parle », édité grâce à une souscription. A la suite des conférences données à Paris en 1953, paraîtra un ouvrage très important, « De la Connaissance de Soi ». Puis, à Londres, en 1954, paraîtra en langue anglaise « The first and last Freedom », qui sera traduit en français (« La Première et Dernière Liberté ») et qui constitue l’un des ouvrages les plus complets de l’enseignement de Krishnamurti. Aldous Huxley écrivit pour ce volume une remarquable préface. Cet ouvrage concrétise bien l’enseignement de Krishnamurti pendant la période 1944-1961. Il insiste tout particulièrement sur la vie en général, sur sa signification, sa simplicité et sa beauté. Il invite les auditeurs à pénétrer en eux au-delà des apparences, à ne pas demeurer hypnotisés par les mirages de la pensée, à crever ces structures psychiques qui ne sont que des sécurités, entretenant la division et les conflits en eux. Aucune fonction ne doit devenir hypertrophiée, anarchique, et l’état de communion, précise-t-il, est par excellence un état d’harmonie, unifiant l’intellect, le cœur et l’intuition. Le vocabulaire de Krishnamurti possède alors une très grande souplesse ; c’est à cette époque qu’il fait subir aux mots un véritable « lavage », pour ensuite les « rénover » en extrayant un sens neuf et frais. Par tous les moyens, il essaie de maintenir l’esprit des auditeurs en alerte, afin que la découverte intérieure soit possible. 
En 1930, il devait secouer, réveiller les auditoires, en 1954, il s’efforçait de les maintenir éveillés. 
De 1961 à 1970 
C’est en juillet 1961 qu’à la demande de nombreux auditeurs européens, débutèrent les conférences et discussions de Saanen, petit village suisse situé dans le canton de Berne. Depuis 1961, Krishnamurti parle pendant trois semaines dans cette localité. Il continue également ses conférences dans le monde , réservant chaque année trois mois pour les Indes , passant parfois par Paris puis Londres, Amsterdam, Rome, Porto-Rico… Au cours de l’automne 1968, il parla dans plusieurs grandes Universités des Etats-Unis, dont Yale, Berkeley… De nombreux volumes concernant les conférences de cette période furent traduits en français. 
En 1969, une propriété, Brockwood Park, fut achetée en Angleterre, « en accord avec le désir pressant de Krishnamurti d’avoir un centre pour le rayonnement de son œuvre à travers le monde ». 
D’une façon générale, cette dernière période est caractérisée par une finesse et une poésie extraordinaire. Krishnamurti ayant affiné ses moyens d’expression pendant quarante ans est parvenu à une réelle maîtrise du langage qu’il est littéralement en mesure de méditer à haute voix. Du côté public, l’adoration a été remplacé par le respect, qui seul permet la participation active, aux vastes explorations du cœur humain auquel procède Krishnamurti. Il aborde n’importe quel thème, car ceux-ci ne sont que des prétextes au voyage intérieur. 


En 1930, il réveillait les mots, en 1940 il les lavait, en 1950 il pouvait alors les explorer et à Saanen, il les fait éclater. C’est cet éclatement qui libère le silence intérieur. Le 19 juillet 1929, il définissait synthétiquement la fonction du langage en ces mots : 
« La vie est une expérience, c’est le ciel tout entier, et les mots sont des fenêtres ». 
Il est bien évident qu’une seule fenêtre, aussi bien orientée soit elle ne peut donner du ciel une vision totale, mais l’utilisation d’un grand nombre de fenêtres peut permettre une vision, certes fragmentaire, mais vaste. Et nous pouvons dire que, pendant quarante-cinq ans, Krishnamurti redécouvrant les mots, ouvrit systématiquement des fenêtres sur le ciel qu’est la vie. Le passage de la vision fragmentaire et partielle à la totalité, non seulement vue mais vécue se fait dans l’explosion des mots, qui libère le silence intérieur. Ce passage est en fait un changement d’état, et Krishnamurti lui a donné le nom de « mutation », précisant ainsi qu’il n’avait rien avoir avec un élargissement, une expansion de la conscience. C’est ce parfum indescriptible que depuis 1961, Krishnamurti extrait des mots. Ses conférences sont souvent de la poésie à l’état pur et, en août 1970, il commença une conférence en disant : 
« ECOUTEZ NOTRE CHANT » 
(écrit par Yvon Achard, en 1970, dans la revue Planète, numéro 19) 
 


Le 17 février 1986, à zéro heure dix, Krishnaji meurt. A huit heures, son corps est brûlé. Ses cendres furent répandues en partie en Californie à Ojaï, en Angleterre à Brockwood et dans le Gange en Inde.Tel est le passage d'un viel homme qui a quatre-vingt onze ans enseignait encore à des milliers d'auditeurs et se préoccupait de tout ce qui se passait dans le monde.


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